Institut d'Histoire Sociale CGT des Landes

Chaque fois qu'il le peut, l'institut CGT d'histoire sociale s'attache à mettre en lumière l'expérience, l'acquis des générations précédentes afin de restituer l'actualité dans un contexte plus général.

La revue Aperçus d'histoire sociale en Aquitaine, les Cahiers d'Histoire et nos archives syndicales landaises, la mémoire vivante des syndicalistes, sont des outils précieux pour tous les militantes et militants d'entreprises, d'Unions locales, dirigeants locaux ou nationaux qui cherchent à connaître d'où ils viennent afin de mieux comprendre le présent pour relever de nouveaux défis.

S'intéresser à l'activité de l'IHS-CGT-40, y participer régulièrement où occasionnellement, n'est pas une tache en plus dans la vie d'un militant, mais un acte formateur, un moyen de donner plus d'efficacité et de qualité à la vie syndicale.

L'IHS organise également des stages archives à Courcelles où même « d'initiation archives » dans vos locaux syndicaux afin de s'adapter au mieux à vos besoins de sauvegarde efficace de vos propres archives.

LIBERTÉ, BIEN-ÊTRE, 120 ANS DE CGT POUR AUJOURD'HUI ET POUR DEMAIN


De grandes étapes marquent l'histoire du syndicalisme et de la solidarité ouvrière. Ce sont aussi de grandes luttes pour le bien-être, la liberté, la paix et la dignité humaine.
 
Du 23 au 28 septembre 1895 à Limoges naissait la CGT ou Confédération Générale du Travail, par l'association de la Fédération Nationale des Syndicats (FNS) créée en 1886 et de la Fédération des Bourses du Travail créée en 1892. Cette naissance de la CGT est le fruit d'un processus marqué par le combat de la classe ouvrière pour ses droits contre l'exploitation et la violence du patronat et de la bourgeoisie au pouvoir.
La 1ère internationale ou Association Internationale des Travailleurs (AIT) crée en 1864 par Karl Marx (1818-1883) auteur du Capital, édite une brochure « salaires, prix et profits » pour aider les prolétaires (classe sociale des travailleurs) à comprendre leur condition afin de la transformer. L'AIT soutient la Commune de Paris (mars à juillet 1871) qui est la première révolution prolétarienne. La répression de ce mouvement par la bourgeoisie apeurée, a fait près de trente mille morts mais la Commune abolit le travail de nuit dans les boulangeries, gère démocratiquement des entreprises fermées par le patronat ou travaillant pour la Commune et apparaît le premier mouvement féminin de masse. Si elle fut sauvagement assassinée par les bourgeois revanchards, elle a marqué le mouvement ouvrier national et international.
 
Le 21 mars 1884, la loi Waldeck Rousseau autorisait les syndicats, interdits depuis la loi Le Chapelier de 1791. La CGT pouvait enfin se constituer publiquement.
 
1900-1907, c'est la crise et les luttes ouvrières et paysannes se développent. C'est la révolte des vignerons du Midi, mais aussi chez les métayers-gemmeurs landais, à Morcenx, Sabres, Sore, Tilh, Lesperon, Rion, Saugnacq, Ste Eulalie-en-Born, Mimizan, Soustons...
 
1914-1918 première guerre mondiale commencée par le conflit entre l'Allemagne et la France est en fait une grande boucherie d'environ 18,6 millions de morts incluant 9,7 millions  morts pour les militaires et 8,9 millions pour les civils. 1.300.000 jeunes soldats français tués inscrits  sur les monuments. Imagine-t-on ce que furent les souffrances infligées aux familles ?
 
En 1920, les métayers du Bas Adour soutenus par les ouvriers des Forges de Boucau-Tarnos engagèrent une lutte de plus de 9 mois face à leurs propriétaires, débouchant sur une amélioration de leur condition et surtout la constitution de syndicats.
 
En 1936, contre l'extrême droite fasciste les syndicats et les partis de gauche s'unissent dans le Front Populaire « pour le pain, la paix, la liberté ». Les grèves avec occupation d'usines, gagnent les accords Matignon instaurant des progrès sociaux et démocratiques inédits.
En janvier 1937, la fédération des gemmeurs et métayers du Sud Ouest forte de 130 syndicats locaux et 6000 syndiqués rejoint la CGT.
L'Union Départementale des syndicats confédérés CGT des Landes peut se constituer. Elle voit le jour le 3 juillet 1938 à Morcenx, dans l'unité du Front Populaire avec à sa tête Charles Prat (confédéré) et Jean Paillé (unitaire).
 
Les luttes et les victoires dans les entreprises, les villes, les campagnes, vont s'intensifier au profit de tous et des générations futures, mais la guerre fasciste est a nos portes.
 
1939-1945, la 2ème guerre mondiale fera 60 millions de morts dans le monde. En France, le gouvernement traître de Pétain, Laval, Pucheu (président du Comité des Forges) et d'autres, préférant Hitler au Front Populaire, collaborent avec l'occupant nazi. Ils seront condamnés en 1945 pour haute trahison et crime contre l'humanité.
Des femmes et des hommes vont résister, refuser l'occupation nazie, la défaite et la trahison. Vingt sept, dont des secrétaires nationaux de fédérations CGT seront fusillés le 22 octobre 1941 à la carrière de Chateaubriant en Bretagne avec le jeune Guy Môquet, mais aussi parmi tant d'autres, 256 militants CGT Aquitains fusillés au camp de Souge (Gironde) et des millions déportés et assassinés dans la barbarie nazie et collabo de l'extrême-droite chez nous.
Les luttes libératrices autour du Conseil National de la Résistance (C.N.R) feront « Les jours heureux », programme politique qui crée entre autres la Sécurité Sociale avec Ambroise Croizat. EDF-GDF avec Marcel PAUL, mais aussi le statut des fonctionnaires, du fermage et métayage, les Comités d'Entreprises, et tant d'autres progrès sociaux et démocratiques.
 
Dans les Landes, Guy GARDE, Pierre LESHAURIS, Albert ALVAREZ, François et Charles SENTUC, Gustave BARROME participèrent aux luttes de libération et reconstituèrent l'UD CGT des Landes dès 1944.
Toute la CGT s'est mobilisée pour la Renaissance Landaise après guerre et la mise en place de la Sécurité Sociale, Guy GARDE en assumant la première présidence.
 
Les guerres coloniales en Indochine, en Algérie des années 1946 à 1962, font naître des tensions et des souffrances terribles pour les peuples. Des généraux factieux organisent le «putsch d'Alger» en 1958 contre la République pour maintenir l'Algérie française. L'O.A.S, organisation criminelle s'en prend aux militants progressistes, à la CGT, comme au président de la République. Le putsch militaire en échec, le général de Gaulle se fait plébisciter en instaurant la Vème République. Le grand patronat disposant de soutiens politiques de choix s'attaque aux acquis sociaux avec «les ordonnances de 1967» contre la Sécurité sociale.
L'accord syndical d'unité entre la CGT et la CFDT signé en 1966, va déboucher sur l'immense grève de mai et juin 1968 qui a impliqué 10 millions de grévistes pendant près d'un mois. La CGT compte alors 5 millions d'adhérents (contre 700.000 aujourd'hui). Le « Constat de Grenelle » acte dans les luttes l'augmentation de 35% du salaire minimum et la revalorisation générale des salaires, la réduction du temps de travail, la reconnaissance de la section syndicale, des droits nouveaux pour les jeunes et les femmes. Les effets des luttes de mai/juin 1968 seront à long terme et dans tous les domaines, avec des prolongements politiques débouchant par la signature en 1972 du «programme commun de gouvernement de la gauche» entre le parti communiste français, le parti socialiste et le Mouvement des Radicaux de Gauche. Il comporte des avancées sociales importantes comme la retraite à 60 ans (au lieu de 65 ans), réduction du temps de travail, moyens pour l'école et la culture, l'abolition de la peine de mort, des nationalisations de secteurs clés de l'économie, etc...

 
Le capitalisme et la rente des capitaux placés au taux maximum, est la négation de la solidarité. Des milliers d'entreprises ferment sur des critères étrangers aux besoins humains, jetant des millions de salariés au chômage, délocalisant des productions dans les pays de misère. Parmi tant d'autres, la sidérurgie de Lorraine, les mines de charbon, la métallurgie à Dax, la papeterie de Roquefort, la chimie à Tarnos, la chaussure à St Vincent de Tyrosse sont victimes de cette stratégie pour enrichir quelques affairistes.
En 1994, la stratégie de la multinationale Saint Gobain aux papeteries de Tartas, échouait par la lutte puissante et solidaire des salariés avec la CGT et la population landaise.
 
Tout dire des grèves, manifestations, pétitions, délégations pendant tant d'années jusqu'à nos jours est impossible à décrire parce que la vie est un mouvement permanent.
Je retiendrai toutefois quelques moments vécus avec une grande intensité comme les grèves de novembre/décembre 1995 démarrées avec les cheminots et la majeure partie de la fonction publique suite au « plan Juppé (1er ministre) » contre la Sécurité Sociale.
Celles de 2003 contre la réforme Fillon (1er ministre) contre les retraites dont la lutte solidaire et unitaire fut interrompue par le revirement de dernière minute de la CFDT.
Au printemps 2006 les grandes manifestations des jeunes avec les organisations syndicales ouvrières contre le CPE (contrat première embauche) qui limitait encore les droits des jeunes entrant dans la vie active. Le Premier ministre Mr de Villepin était contraint de retirer sa loi.
Les grandes luttes de 2010 pour les retraites n’ont pas empêché Sarkozy et Fillon avec leur majorité UMP de voter une loi qui supprime la retraite à 60 ans et rallonge de 2 ans les âges légaux de départ. Elle a sans doute pesé lourd dans la défaite de Sarkozy en 2012.
Le gouvernement Hollande-Ayrault puis Hollande-Valls-Macron avec la majorité PS trahit  ses engagements et cède au patronat et à la dictature des marchés financiers portée en Europe par la troïka (BCE, FMI, Commission de l'UE) plutôt que de répondre aux besoins des salariés.
 
Je conclurai ce modeste rappel historique par des victoires comme des facteurs de la « plaque courrier » de St Vincent de Tyrosse qui, après une mobilisation de 6 mois entre octobre 2011 et le 28 avril 2012, avec le soutien de la population obtinrent la création de 5 postes alors que la direction voulait en supprimer 5. Celle aussi des agents territoriaux de Capbreton pour leurs salaires et conditions de travail entre le 22 juillet et le 7 août 2014 obtinrent la prise en compte de ce qu'ils réclamaient depuis des mois sans succès et enfin le succès en ce mois d'août 2015 des papetiers de Tartas après 4 jours de grève.
 
Depuis le 19ème siècle, au 1er Mai, le mouvement ouvrier manifeste partout sa solidarité libératrice, revendicative et pacifiste par delà les frontières et pour la CGT dans les Landes, c'est un rendez-vous revendicatif important.
 

Rien n'est jamais acquis et les lois Valls-Macron de régression sociale passées en force au Parlement français, ou le coup d'état financier imposé à la Grèce par l'UE, nous le rappellent.
L'assassinat des journalistes de Charlie-hebdo le 7 janvier 2015 dont plusieurs étaient adhérents et sympathisants CGT nous rappellent que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » comme le déclarait Jean Jaurès assassiné la veille de la 1ère guerre mondiale.
Les mettre en échec exige vigilance et engagement humaniste. C'est notre culture syndicale qu'il faut faire vivre au quotidien, solidairement, toutes générations confondues.
 
Pour comprendre où l'on va il faut savoir d'où l'on vient. C'est ce a quoi s'emploie l'ihs CGT des Landes et nous vous invitons ardemment à y adhérer, tout simplement parce que l'histoire est aussi un combat syndical. Comme le déclarait le politologue américain Howard Zinn (1922-2010) : «Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs»
 
Georges Darricau

Le principe d’espérance a gagné

Préface du livre relatant la lutte des papetiers de 1994 édité 10 ans après.
Qu’il semblait utopique, ce principe d’espérance, quand, face à la toute-puissante multinationale Saint-Gobain qui décidait de l’arrêt de la Cellulose du Pin de Tartas, les salariés de l’usine, unis derrière leur comité d’entreprise et dans leur organisation syndicale, relevaient le défi de la survie… Pourtant les salariés de la papeterie du pays de Tartas, et avec eux tant d’acteurs du soutien à la lutte, ont gagné ce droit simple mais décisif. La « papete continue de fumer ». Ils sont peu nombreux ceux qui peuvent se vanter d’avoir remporté ce genre de victoire contre la puissance d’un géant comme Saint-Gobain.

C’est que l’aveugle logique comptable de Saint-Gobain ne permet pas de comprendre les relations complexes et riches d’une entreprise comme cette papeterie, avec la commune qui l’abrite, le pays tarusate qui l’entoure, le département des Landes et la région Aquitaine. Les technocrates de Saint-Gobain, par un simple maquillage des comptes de l’usine, estimaient facile de justifier la mort de la papeterie. En fait, on le saura après l’action, Saint-Gobain voulait vendre tout son pôle bois-papier à l’Irlandais Smurfit. Que leur importait la vie des hommes, des femmes, d’une entreprise, d’une région ?

Mais cette papeterie qui draine vers elle les déchets de la forêt landaise, employant directement 347 personnes et, de façon induite, 1200 autres, se situe au cœur d’une région, garante d’un équilibre socio-économique auquel tous tiennent. Tous ? Des conseillers généraux, qui payèrent une page entière dans le quotidien Sud-Ouest pour aider à la survie, jusqu’aux commerçants alentour, en passant par l’évêque d’Aire et de Dax, on s’aperçoit ce que rassemblement majoritaire veut dire. D’ailleurs, si le comité d’entreprise de l’usine a été appelé à piloter la manœuvre, n’est-ce pas, d’emblée, que chacun savait l’unité indispensable, vitale, pour la réussite du projet ?

La route fut longue, pour trouver, au Canada, l’éphémère Cascades, un temps associé au toujours présent Tembec. Les repreneurs ont fait une bonne affaire, car l’usine n’a jamais cessé de tourner, d’être bien assise sur un réseau économique et social parfaitement rentable. En investissant dans Tartas, ils ont de facto, sans doute à leur corps défendant, reconnu l’incompétence, et à tout le moins le cynisme de Saint-Gobain.

Ailleurs seraient apparus des élus ou personnalités à la recherche d’un compromis rapide, proposant la transformation de cette usine en une sorte de lieu de souvenir des industries passées, une sorte d’écomusée de la papeterie et un plan dit social pour régler le sort des femmes et des hommes qui avaient fait la richesse de cette entreprise. C’est ce que les salariés de l’usine n’ont pas voulu, pour eux le but était de produire de la pâte, là où était l’intérêt général. Et leur sort particulier dépendait étroitement du triomphe de cet objectif au détriment de celui de Saint-Gobain.

Le principe de vie a été plus fort que les calculs refermés sur le profit. Que tous les salariés puissent tirer leçon de cette action des papetiers de Tartas.

GUY DELMAS

Au plus dur de la lutte

Un spécial Impact (journal de la fédération FILPAC) est tiré à 30 000 exemplaires. L’éditorial de Michel Muller, secrétaire général de la Filpac-CGT, est une véritable lettre ouverte à Jean-Louis Beffa, PDG de Saint-Gobain. Et il ne mâche pas ses mots :

« Vous osez, sans honte, sans regret, jeter au chômage, c’est-à-dire vouer à la misère, des centaines, voire des milliers de gens qui, par leur travail, ont permis votre enrichissement et celui de vos amis. Avez-vous, M. BEFFA, un instant, un seul instant, pensé au devenir de ces personnes, à leur douleur, à leur désarroi, aux larmes de leurs enfants ; avez-vous un seul instant pensé à ce qu’allait devenir la population de toute une petite ville comme Tartas, à ces petits commerçants, ces artisans, à l’environnement de ce beau département des Landes et à sa forêt ?

Non, bien sûr ; pour vous et vos pareils, seul compte le fric ! Vos agissements mettent en pleine lumière l’hypocrisie de vos amis politiques, tel M. Balladur, le Premier ministre du gouvernement, qui ne cesse à longueur d’ondes et d’antennes de nous vanter sa politique en faveur de l’emploi, de la relance de l’économie et du bonheur des Françaises et des Français. Car vous, monsieur le PDG, non seulement vous spéculez avec de l’argent qui ne vous appartient pas, mais, loin de réinvestir dans l’économie française, vous investissez en Amérique du Sud, dans le Sud-Est asiatique, dans les pays de l’Est, partout où une main-d’œuvre inorganisée, sous-payée et soumise est à votre disposition.

S’il existait en France une véritable justice, vous seriez, M. Jean-Louis BEFFA, mis au ban de la Nation et jeté en prison pour dilapidation de biens ne vous appartenant pas, et pour violence morale et physique contre des personnes coupables de n’avoir pour seule richesse que la vente de leur force de travail. »

PAUL BRACQ

Les luttes syndicales en forêt de Gascogne marquent l'histoire du droit

L'histoire des métayers-gemmeurs est très intéressante. Elle est très liée au département des Landes, à la « filière bois » et à notre histoire syndicale CGT dont nous pouvons être fiers.
Avant la pignada de 632.000 hectares pour les Landes, le milieu naturel était marécageux et les dunes non fixées. La loi du 19 juin 1857 relative à l'assainissement et la mise en culture des Landes de Gascogne, marque un tournant et de grandes exploitations voient le jour en 1873 et 1889.
Le métayage est injuste et inégalitaire et le premier syndicat des métayers-gemmeurs sera constitué en 1885 à Herm puis en 1889 à Linxe, Lesperon, Onesse-Laharie... où il y avait 2 visions de la lutte syndicale selon que l'on était domaniaux ou pour le compte de propriétaires privés. Le syndicat comptait alors des métayers-gemmeurs et des petits propriétaires exploitants forestiers dont Ernest DUCAMIN (1877-1974) de Lit et Mixe qui devint dirigeant syndical dans les années 1900-1907.
En 1919, 70% des terres étaient en métayage. Les communications limitées à la traction animale et l'extrême pauvreté des métayers-gemmeurs faisaient qu'ils voyageaient rarement au-delà de leur canton. Les enfants allaient peu à l'école et devaient aider aux travaux agricoles et forestiers.
Jusqu'à la seconde moitié du XXème siècle les métayers-gemmeurs étaient soumis à la loi du «colonat paritaire» proche du servage avec le partage à moitié de la récolte, les redevances diverses, les corvées de travail gratuites et le bail résiliable au bon vouloir du propriétaire où de son régisseur.
Les propriétaires de pins s'enrichissent et exploitent encore plus leurs métayers. La révolte éclate dès 1863 à Sabres où plusieurs gemmeurs arrêtés sont condamnés à la prison ferme. En 1902, les prix de la résine s'envolent et les gemmeurs en revendiquent leur part ce que refusent les propriétaires. La grève éclate avec des incidents graves comme en 1904 à Pomarez. Des syndicats se constituent un peu partout et les 21 et 22 décembre 1906, a lieu le 1er congrès du syndicat des fermiers métayers résiniers et parties similaires, à Morcenx avec 32 syndicats et 4000 membres. Des incidents à caractère insurrectionnel éclatent comme à Beylongue et à Rion-des-Landes où des propriétaires et des maires – des notables souvent propriétaire et adjudicateurs domaniaux – étaient assiégés dans leurs châteaux par des métayers-gemmeurs en colère. Le 23 mars 1907 à Rion des Landes est signé le premier accord entre syndicat de métayers-gemmeurs et propriétaires.
Les statuts des syndicats comportent un système d'entraide pour porter secours et assistance aux métayers-gemmeurs malades, blessés, emprisonnés parfois pour faits de grève où accaparés par le militantisme syndical. La guerre de 1914-1918 fut un traumatisme terrible dans nos populations avec 1,5 million de jeunes tués, sans compter les blessés et estropiés à vie. L'économie du pays et la pyramide des âges ont été affectés durablement. Au contact d'autres paysans et de salariés rencontrés au front, nos métayers-gemmeurs prirent conscience de la précarité de leur situation et des possibilités que permettaient le syndicalisme revendicatif et l'action politique révolutionnaire pour transformer la société et améliorer notablement la situation des travailleurs.
L'année 1919 fut une année de forte syndicalisation et de luttes puissantes dans toutes les Landes comme à Ygos, ou dans le Bas Adour où les Piquetarrocs menèrent la lutte de juin 1919 à mars 1920 pour améliorer leur condition.
Le travail des gemmeurs déjà payé en fin de campagne de gemmage (févier à octobre) après la vente du produit dans un marché très fluctuant pouvant varier de 1 à 4 est rémunéré de plus en plus tard et de plus en plus mal. Face à ces difficultés se crée la CNP (confédération nationale des paysans) et jusqu'en 1934, beaucoup de luttes se développent sur le prix de la gemme qui divise. Dans le mouvement du Front Populaire et des luttes qui paralysent le pays, les « accord Matignon » formalisent des avancées sociales considérables pour tous les travailleurs, sauf les gemmeurs. Le syndicat des gemmeurs jusqu'alors autonome rejoint la CGT en 1937 (130 syndicats et 6000 adhérents).
Ainsi se crée l'Union Départementale des syndicats CGT des Landes le 3 juillet 1938 à Morcenx avec à sa tête un gemmeur, Charles PRAT (1898 – 1994).
Fondée en mars 1939 par des gemmeurs et des propriétaires, l'Union corporative des Résineux (UCR) a pour fonction de régir la production et de fixer le prix de la gemme en début de campagne. Malgré l'attitude de ses responsables durant l'Occupation, cette organisation interprofessionnelle et corporative est reconstituée à la Libération, à l'occasion d'un congrès présidé par Louis Saillant (1910-1974), secrétaire général de la fédération nationale C.G.T. des travailleurs du bois et parties similaires et président du Conseil National de la Résistance, qui se tient à Morcenx en décembre 1944 avec Charles PRAT à sa tête.
L'Ordonnance du 17 octobre 1945 instaure le statut du fermage métayage... sauf dans les Landes où Mr Courregelongue, président des sylviculteurs et juge influent à Bordeaux invoque le caractère « sui generis » (c'est à dire ne se référent à aucun contrat nommé) pour maintenir les métayers-gemmeurs dans leur triste condition. Les jeunes générations tendent à délaisser le gemmage, travail pénible et peu rémunérateur. La situation générale des gemmeurs se dégrade et les grèves puissantes se développent notamment en 1953. De nouvelles méthodes de gemmage par aspersion d'acide sulfurique sont pratiquées en 1960 et des actions de formation sont lancées afin de maintenir la profession. Mais en 1974, l'apprentissage est abandonné et en 1975, c'est l'arrêt du gemmage dans les forêts domaniales. Les effectifs décroissent inexorablement jusqu'à la disparition du gemmage en France dans les années 1980-1990. La résine est importée des pays à bas coût, d'abord d'Espagne et du Portugal sous dictatures franquiste et salazariste, puis de Chine et Madagascar.
Le syndicat des métayers-gemmeurs prit une part très active dans les grèves de 1968 et tous leurs combats ont servi d'autres professions avec la convention collective des travailleurs forestiers. Claude COURRAU, ancien gemmeur avant d'être employé à la poudrerie de St Médard-en-Jales, militant syndical CGT, écrivain et inventeur autodidacte a mis au point une méthode de gemmage dite « en vase clos » dont les essais en cours s'avèrent prometteurs dans notre pignada. Avec Raymond LAGARDERE ancien secrétaire de la fédération des métayers-gemmeurs CGT, auteur d'un livre « sous les grands pins, mon passé, mes espoirs », à 90 ans, ils luttent encore pour l'avenir de « l'arbre d'or » et l'exploitation se toutes ses richesses dont la résine, dans des conditions de qualité optimum et avec des salariés disposant d'un statut social digne de notre époque.
En ce sens, l'histoire du droit est un combat syndical.

Cyrille FOURNET

L'histoire du droit concerne l'histoire du droit syndical

Cyrille FOURNET, salarié à la papeterie Gascogne Laminates (ex-SOPAL) à Dax, militant syndical CGT et conseiller prud'hommes, section industrie au conseil de prud'hommes de DAX, a fait valoir son droit individuel à la formation (DIF) pour passer avec succès une licence en droit à l'université Paris Sud de Sceaux en 2011. Il nous fait l'honneur d'une communication qu'il réalisa dans le cadre de son cursus universitaire après une recherche aux Archives Départementales comme aux archives de l'UD CGT des landes. Il insiste sur la démarche intéressante avec ce que l'on a trouvé dans nos archives à croiser avec d'autres sources pour approcher au plus près de la vérité historique et du contexte dans lequel elle se situe.

L'histoire des métayers-gemmeurs est très intéressante mais elle est très liée au département des Landes et même si elle n'a pas bénéficié des développements et de la diffusion qu'elle mérite, on peut en être fiers.

Avant la plantation de la pignada de 632.000 hectares pour les Landes, le milieu naturel marécageux aux dunes non fixées était assez hostile mais le pin maritime, espèce endémique était résiné depuis des temps immémoriaux « au crot » c'est-à-dire que le résinier pèle l'écorce du pin pour préparer la carre, en prenant soin de s'arrêter au liber, cette peau qui est entre l'écorce et le bois afin que s'écoule la résine qui est recueillie dans un trou pratiqué au pied de l'arbre. Bien plus tard, le pot Hugues breveté en 1844 permit une récolte dans de meilleures conditions.

Napoléon 1er fut le premier à s'intéresser véritablement aux Landes, à la plantation et à la culture du pin maritime. En 1801 était promulgué un décret pour la fixation dunaire et le 25 avril 1806, de passage à Tartas, il précisa son projet de cultiver les Landes sous l'impulsion de l'ingénieur Nicolas BREMONTIER (1738-1809), confirmé par le décret du 14 décembre 1810. Le projet compromis avec la fin du 1er l'empire en 1815 fut repris par Louis Napoléon Bonaparte devenu Napoléon III après le coup d'état de 1851.

La loi du 19 juin 1857, également appelée loi relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne, marque un tournant et les grandes exploitations voient le jour en 1873 et en 1889.

La loi sur le métayage ou bail à colonat paritaire - article L462-1 du Code Rural - précise : « Le bail à colonat paritaire ou métayage est le contrat par lequel le possesseur d'un bien rural le remet pour un certain temps à un preneur qui s'engage à le cultiver, sous la condition d'en partager les produits avec le bailleur. » et l'article 1828 du Code civil toujours en vigueur dit : « que le métayer délaissera au bailleur sa part de la toison a un prix inférieur à la valeur ordinaire ».

Le métayage est injuste et inégalitaire et le premier syndicat des métayers-gemmeurs sera constitué en 1885 à Herm puis en 1889 à Linxe, Lesperon, Onesse-Laharie... où il y avait 2 visions de la lutte syndicale selon que l'on était domaniaux (propriétés communales) ou pour le compte de propriétaires privés. Dans le syndicat (la CGT créée en 1895 n'existait pas à cette époque) se côtoyaient des métayers-gemmeurs et des petits propriétaires exploitants forestiers dont Ernest DUCAMIN (1877-1974) de Lit et Mixe dirigeant syndical dans les années 1900-1907 est l'un des exemples.

Jusqu'à la seconde moitié du XXème siècle les métayers-gemmeurs étaient confrontés à un contexte quasi seigneurial d'exploitation de leur travail agricole et forestier soumis à la loi du « colonat paritaire » proche du servage avec le partage de la moitié de la récolte, les redevances diverses et les corvées de travail gratuites pour le compte du propriétaire où de son régisseur.

70% des terres étaient encore en métayage après la 1ère guerre mondiale (1914-1918). Les moyens de communication étaient limités à la traction animale et la condition d'extrême pauvreté des métayers-gemmeurs faisaient qu'ils voyageaient rarement au-delà de leur canton, les enfants allaient peu ou pas à l'école et devaient souvent aider aux travaux agricoles et forestiers, d'où la difficulté d'être informés de ce qui se passait ailleurs.

Les propriétaires de pins s'enrichissent, mais exploitent plus systématiquement encore leurs métayers et la révolte éclate dès 1863 à Sabres et plusieurs gemmeurs arrêtés sont condamnés à de la prison ferme. En 1902, les prix de la résine s'envolent et les gemmeurs en revendiquent leur part ce qui refusent les propriétaires et la grève éclate avec parfois des incidents graves comme en 1904 à Pomarez – photos au musée vieilles landes à Lit et Mixe - Des syndicats se constituent un peu partout et les 21 et 22 décembre 1906, a lieu le 1er congrès du syndicat des fermiers métayers résiniers et parties similaires, à Morcenx avec 32 syndicats comptant 4000 membres. En 1907 éclate une grande grève dans le Bas Adour sous l'impulsion du syndicat CGT des Forges implantées à Boucau-Tarnos.

Des incidents très graves à caractère insurrectionnel éclatent par endroits comme à Beylongue et à Rion-des-Landes où des propriétaires et des maires – des notables souvent propriétaire et adjudicateurs domaniaux – étaient assiégés dans leurs châteaux par des métayers-gemmeurs en colère. La grande révolte des vignerons du midi en 1907 résonne sans doute comme l'exemple à suivre...

Le 23 mars 1907 à Rion des Landes est signé le premier accord entre syndicat de métayers-gemmeurs et propriétaires.

Entre 1906 et 1908 a lieu en parallèle, la création des clubs de rugby dans les Landes à l'initiative des mairies « pour apaiser les esprits » dans une période où ils étaient particulièrement échauffés par la conscience des injustices sociales faites aux travailleurs.

Les statuts des syndicats qui se créent comportent un système d'entraide qui se met en place pour porter secours et assistance aux métayers-gemmeurs malades, blessés, emprisonnés parfois pour faits de grève où accaparés par le militantisme syndical.

Les conditions de travail également s'améliorent avec la généralisation du pot de résine qui a été imaginé par un avocat et agriculteur bordelais originaire de Tarnos, Pierre Hugues (1794-1850) avec son ami Hector Serres ( 1807-1899, pharmacien dacquois), pour récolter la résine dans le pot conique ou cutyot en terre cuite que tout le monde connait aujourd'hui mais qui ne se généralisa qu'à partir de 1913.

La guerre de 1914-1918 fut un traumatisme terrible dans nos populations françaises avec 1,5 million de morts sans compter les blessés et estropiés à vie ce qui a affecté durablement l'économie du pays et la pyramide des âges. Toutefois, au contact d'autres paysans et de salariés rencontrés au front, nos métayers-gemmeurs prirent conscience de la précarité de leur situation et des possibilités que permettaient le syndicalisme revendicatif et l'action politique révolutionnaire pour transformer la société et améliorer notablement la situation des travailleurs.

Deux hommes sur trois revinrent de la guerre et l'année 1919 fut une année de forte syndicalisation et de luttes puissantes comme à Ygos, dans toutes les Landes de Gascogne, sans oublier l'immense mouvement de lutte des métayers du Bas Adour dite des Piquetarrocs de juin 1920 à mars 1921 pour une plus juste rémunération du travail.

En 1926, les propriétaires affolés s'organisent pour accorder un premier statut aux métayers-gemmeurs.

Le 22 avril 1928, les députés radicaux des Landes Léo BOUYSSOU (1872-1935) avec Jean-Robert LASSALLE (1882-1940) déposent un projet de loi sur le métayage.

A partir de 1929, l'importation de white spirit (dérivé du pétrole) vient concurrencer la production d'essence de térébenthine (dérivée de la résine de pin). Les cours de la gemme chutent et les difficultés s'accroissent avec la crise financière de 1929.

Le travail des gemmeurs déjà payé en fin de campagne de gemmage après la vente du produit dans un marché très fluctuant pouvant varier de 1 à 4 parfois, est rémunéré de plus en plus tard et de plus en plus mal. Face à ces difficultés se crée la CNP (confédération nationale des paysans) et jusqu'en 1934, beaucoup de luttes se développent sur le prix de la gemme qui divise. Dans la mouvance du Front Populaire et des luttes qui paralysent le pays, les « accord Matignon » formalisent des avancées sociales considérables pour tous les travailleurs sauf les gemmeurs qui se voient privés des assurances sociales votées à l'Assemblée Nationale en 1937.

Le syndicat des gemmeurs jusqu'alors autonome rejoint la CGT en 1937 (près de 20.000 gemmeurs adhérents) après le bref épisode d'adhésion à la CGT en 1920-1921, ce qui permet la création de l'Union Départementale des syndicats CGT des Landes le 3 juillet 1938 à Morcenx avec à sa tête Charles PRAT (1898 – 1996?)

Fondée en mars 1939 par des gemmeurs et des propriétaires, l'Union corporative des Résineux (UCR) a notamment pour fonction de régir la production et de fixer le prix de la gemme en début de campagne. Malgré l'attitude de ses responsables durant l'Occupation, cette organisation interprofessionnelle et corporative est reconstituée à la Libération, à l'occasion d'un congrès présidé par Louis Saillant (1910-1974), secrétaire général de la fédération nationale C.G.T. des travailleurs du bois et parties similaires et président du Conseil National de la Résistance, qui se tient à Morcenx en décembre 1944. La plupart des représentants sylviculteurs sont en prison pour collaboration et c'est Charles Prat, déjà secrétaire général de la fédération des gemmeurs qui devient également président de l'U.C.R.
L'Ordonnance 45-2380 du 17 octobre 1945 instaure le statut du fermage métayage... sauf dans les Landes où Mr Courregelongue, président des sylviculteurs et juge influent à Bordeaux invoque le caractère « sui generis » (c'est à dire ne se référent à aucun contrat nommé) pour tenter de maintenir les métayers-gemmeurs dans leur triste condition.

La loi n° 46-682 proposée par le ministre François Tanguy-Prigent (1909-1970) sur le statut du fermage et du métayage est adoptée le 31 mars 1946 et finalement votée le 14 avril 1946 à l'unanimité des députés composant l'Assemblée nationale constituante. Elle encourage en particulier la conversion du métayage en fermage, elle établit des baux de 9 ans reconductibles, sauf si le propriétaire veut reprendre son exploitation, et elle donne le droit de préemption au fermier en cas de vente.

Malgré cela, les jeunes générations tendent à délaisser le gemmage, travail pénible et peu rémunérateur. En 1952, l'U.C.R instaure une prime d'encouragement pour les jeunes gemmeurs à la fin de leur formation. Mais la situation générale des gemmeurs se dégrade et les grèves puissantes se développent notamment en 1953.

Dans les années 1960, de nouvelles méthodes de gemmage par aspersion d'acide sulfurique sont pratiquées et des actions de formation sont lancées afin de maintenir la profession. Mais en 1974, l'apprentissage est abandonné et en 1975, c'est l'arrêt du gemmage dans les forêts domaniales.

Les effectifs décroissent inexorablement passant à 12000 gemmeurs en 1959, en diminution constante jusqu'à la disparition du gemmage en France dans les années 1980-1990 sous l'effet de la résistance des propriétaires à appliquer et améliorer le statut gemmeur, des rémunérations en baisse constante et de la concurrence des importations de résine et de main d'œuvre sous-payée provenant de nos voisins européens sous dictatures franquiste en Espagne et salazariste au Portugal.

Il a fallu 12 ans de luttes incessantes pour faire appliquer la loi Tanguy-Prigent de 1946 et les propriétaires-sylviculteurs résistent farouchement à l'application d'une convention collective. Il faudra toute la puissance des 10 millions de grévistes dans tout le pays en 1968 et la part très active prise par le syndicat des gemmeurs dirigé par Charles PRAT et Raymond LAGARDERE pour gagner la Convention collective Gemmage forêt Gascogne - Convention collective N° IDCC 8722 -

Les métayers-gemmeurs ne voulaient pas être propriétaires, ils voulaient être reconnus comme ouvriers et salariés. C'est ce qui fut obtenu de la Cour de Cassation dans son arrêt cassant le jugement de la Cour d'Appel de Pau qui déniait le caractère de salarié à un gemmeur (COUR DE CASSATION, Chambre sociale, du 8 juillet 1960 n°758).

Si les métayers-gemmeurs travaillaient tout seuls en forêt, il arrivaient à s'organiser pour se défendre. Tous les combats des métayers-gemmeurs ont servi aussi à d'autres professions notamment la convention collective pour la travailleurs forestiers.

Dans les années 1990, suite à une mission pour la relance du gemmage avec Me Lyon-Caen a été réalisé une essai de récolte de gemme par « vessie ».

Claude COURRAU, ancien gemmeur avant d'être employé à la poudrerie de St Médard-en-Jales, militant syndical CGT, écrivain et inventeur autodidacte a mis au point une méthode de gemmage dite « en vase clos » dont les essais en cours s'avèrent très concluants.

Avec son camarade et ami Raymond LAGARDERE ancien secrétaire de la fédération des métayers-gemmeurs CGT où il succéda à Charles PRAT, auteur d'un livre « sous les grands pins, mon passé, mes espoirs », ils mène le bon combat pour l'avenir de « l'arbre d'or » et l'exploitation se toutes ses richesses dont la résine dans des conditions de qualité optimum et avec des salariés disposant d'un statut social digne de notre époque.

En ce sens, l'histoire du droit est un combat syndical.

LE SERVICE PUBLIC SNCF :
UNE EXIGENCE DE PLUS EN PLUS MODERNE !

La SNCF a 75 ans, elle souffre, mais pas de son âge. Elle pourrait mieux se porter pour vous transporter, si...

En février 1937, la fédération CGT des cheminots et son secrétaire général de l'époque Pierre Sémard (fusillé par les nazis le 7 mars 1942), face à l'importance de la question des chemins de fer et des transports pour notre pays, tant par suite des déficits des compagnies que de « la politique du laisser-faire et à la petite semaine pratiquée au regard de la concurrence entre moyens de transports » revendiquaient en visionnaires la nationalisation des moyens publics de transports (ferroviaires, routiers, maritimes, fluviaux et aériens).
LE SERVICE PUBLIC SNCF : UNE EXIGENCE DE PLUS EN PLUS MODERNE !
La création de la Société Nationale des Chemins de Fer, le 1er janvier 1938, détenue à 51% par l'Etat (les 49 % restants appartenant aux riches actionnaires des sociétés financières ayant succédé aux six anciennes compagnies) était un premier élément de réponse à la revendication CGT d'aller vers « un seul service public de transports au service du seul intérêt général ».
Il faudra cependant attendre 1988 et le changement de statut de la Société Nationale en Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) pour que l'Etat ne devienne l'unique propriétaire de la SNCF.
En 1997, un autre évènement important a bouleversé l'organisation du système ferroviaire français puisqu'il a été scindé en deux Etablissements Publics distincts :
RFF qui s'est vu confier la propriété et la gestion des infrastructures (les rails), et
SNCF gardant l'organisation des transports (Trains et gares) et la responsabilité de la maintenance du réseau.
Les décideurs politiques ont donc choisi de séparer organiquement la roue et le rail. S'agissant d'un mode de transport particulier puisque guidé, cette décision est lourde de conséquences au quotidien dans la qualité du service produit et mis en œuvre. Contrairement à ce qu'a toujours exigé la CGT, la création inutile de RFF n'est toujours pas abandonnée.
Depuis 2001, au prétexte d'application de directives européennes, le système ferroviaire français, à l'image des autres réseaux européens, tourne le dos chaque jour un peu plus à sa mission de Service Public ferroviaire d'intérêt général. Contrairement à ce qu'exigent la CGT et les Organisations syndicales européennes du secteur ferroviaire d'ETF, aucun bilan n'a jamais été fait ni produit des résultats de l'application de ces directives. On peut pourtant en mesurer leurs conséquences en termes de prix du billet, de qualité et fiabilité de transport dégradées, d'explosion du transport routier par exemple.
Sur notre département, plus aucune gare ne peut effectuer au départ ou à l'arrivée de transport de marchandises par le système dit de « wagon isolé ». C'est pourtant celui dont auraient besoin l'activité économique et industrielle de notre département rural. Les dernières gares effectuant du transport massif par trains entiers de bois issus de la tempête Klaus et pour quelques semaines encore, sont Labouheyre et Tartas. En 1999, lors de la tempête précédente, 12 gares de la région Aquitaine étaient spécialement affectées à répondre à ce besoin de transport.

Les enjeux actuels avec le projet de réforme du système ferroviaire en débat :

L'année 2013 sera une année très importante pour le transport ferroviaire national, l'entreprise publique SNCF et les cheminots qui la composent.
Le 30 octobre 2012, M. CUVILLIER, Ministre des Transports a fait des annonces concernant la réforme du système ferroviaire, annonces confirmées depuis. Le contenu de ces orientations, bien que ne répondant pas à toutes les questions, acte qu'il souhaite réunifier le système ferroviaire sans remettre en cause son statut public et national, ni celui des cheminots et leur système spécifique de protection sociale, de santé et de retraite. Il a aussi affirmé, par voie de presse, que l'ouverture à la concurrence n'était, pour l'instant ni à l'ordre du jour ni sa priorité.
La Fédération CGT des cheminots affirme depuis bientôt 18 ans que le système actuel avec deux EPIC, RFF et SNCF, ne peut pas permettre de réaliser un transport ferroviaire de qualité. Partant de ce principe, aujourd'hui largement partagé, ce qui n'a pas été le cas pendant toutes ces années, réfléchir à une réforme du système ferroviaire nous semble judicieux.
Concernant l'ouverture à la concurrence, inutile de rappeler l'opposition de la CGT, et les résultats du Fret ferroviaire appuient notre position. En ce sens, s'engager dans une réforme du système ferroviaire en ayant comme finalité de répondre aux exigences exprimées par les populations et d'offrir à la Nation française un service public de qualité, nous semble une approche que nous pouvons partager.
Pour autant, la lecture du budget 2013 pour la SNCF provoque l'indignation des cheminots car il remet en question la crédibilité des orientations ministérielles concernant le système ferroviaire et les garanties sociales données aux cheminots. Ils sont interpellés notamment par l'avant-projet de loi sur «l'acte III de décentralisation» qui vient percuter la vision de réunification du système ferroviaire dans son volet transport. Il en est ainsi de l'orientation envisagée dans ce projet de loi de transférer la gestion des trains d'équilibre du territoire de 28 lignes sur 39 concernées pour en confier la responsabilité aux régions économiques. Orientation lourde de menaces sur l'existence et la pérennisation de ces circulations avec ce transfert de charges de l'état vers les régions déjà soumises aux contraintes budgétaires qui pourront soit supprimer ces trains, soit transférer vers des bus.
La Fédération CGT des cheminots souhaite entrer dans les concertations et négociations qui vont s'ouvrir sur la réforme du système ferroviaire et son volet social de manière constructive et sereine. Mais la situation actuelle, avec une Direction de la SNCF qui poursuit sa politique dans le droit fil des cinq dernières années, ne permet pas de créer le climat de confiance nécessaire.
Comme il y a 75 ans et encore plus aujourd'hui, sur fond de crise économique et sociale qui renforce la nécessité de maintenir le lien social et la citoyenneté, cette revendication d'un seul service public de transports au service du seul intérêt général est toujours aussi moderne qu'indispensable.
D'autant que les tentations sont grandes d'opérer un catastrophique retour en arrière sur la conception même du chemin de fer. Ceci afin de répondre à des ambitions personnelles de dirigeants zélés, mais aussi d'offrir le ferroviaire en pâture aux mêmes élites financières hexagonales et européennes qui conduisent au délitement économique et social de notre société plutôt que de répondre aux besoins essentiels de nos concitoyens.
La compétition à laquelle se livrent depuis plusieurs mois Guillaume Pépy et Hubert Du Mesnil, respectivement présidents de la SNCF et de RFF, pour savoir lequel d'entre eux emportera la décision du Ministère des transports de réformer le système ferroviaire tourne en réalité à l'acharnement contre le service public SNCF, ses personnels et les usagers. Un acharnement qui autorise toutes les dérives, toutes les pressions, tous les chantages.
Dans son discours de Cannes, devant un parterre de 700 managers, le Président de la SNCF a multiplié les chantages en direction principalement de la CGT qui serait à ses yeux responsable, si, la proposition d'organisation du système ferroviaire qu'il porte, venait à ne pas être retenue par le Gouvernement.
Se présentant comme seul garant d'une culture d'ouverture et de la continuité de l'histoire de l'entreprise, le Président de la SNCF n'hésitera pourtant pas à s'arranger avec l'histoire pour commémorer en grande pompe ce qu'il appelle « les 75 ans de SNCF ». Comprenez du Groupe SNCF et non de la SNCF.
Ce reniement de l'histoire s'inscrit dans la croisade pour la transformation du Service Public SNCF, voulue et accélérée ces dernières années par Guillaume Pépy et Nicolas Sarkozy vers un grand groupe capitalistique pour transférer l'utilisation de l'argent public de la réponse aux besoins vers l'enrichissement privé.
Un processus de transformation qui trouve sa traduction dans le schéma d'organisation ferroviaire proposé par G.Pépy. Un schéma qui conduirait certes à une réunification de l'infrastructure mais dans un groupe de filiales privées et privatisables, qu'il se verrait bien diriger. Ce qui dissocierait de fait, comme pour la proposition du Président de RFF, la roue et le rail indissociables pour une production ferroviaire efficace et sûre et concrétiserait à terme le processus de privatisation rampante que dénonce la fédération CGT des cheminots depuis 2003.
Si les directions de la SNCF et de RFF veulent tenir la main du Ministre des Transports pour écrire en «mode business» l'avenir du transport ferroviaire de marchandises et de voyageurs en France, la CGT et les cheminots ne l'entendent pas du tout ainsi et ne laisseront pas faire.

Pour la CGT, cela passe obligatoirement par une réforme qui engage un retour à une entreprise publique unique et intégrée, qui permette de mutualiser les ressources, par une mise à disposition de moyens nouveaux afin de garantir un service public de qualité répondant mieux aux besoins tout en s'adaptant aux exigences croissantes de déplacements, aux enjeux d'aménagement du territoire et d'environnement.
L'avenir du ferroviaire n'appartient ni à Guillaume Pépy, ni à Hubert Du Mesnil, ni au gouvernement, ni aux technocrates européens. Il appartient à la Nation. C'est aux citoyens de décider de son avenir.
Le débat sur la réforme du système ferroviaire doit sortir des cénacles d' «initiés ». La CGT s'y engage en mettant au cœur de ce débat une proposition novatrice qui permettra de développer un mode ferroviaire propre, économique, fiable, sûr, capable de répondre aux besoins croissants de transports des biens et des personnes, à une ré industrialisation indispensable et un réaménagement équilibré et harmonieux des territoires.

Alain Mesplède.

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d'Histoire Sociale des Landes
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